Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne 

Du 23 septembre 2022 au 12 février 2023, le musée d’Art Moderne de Paris accueille une rétrospective unique sur l’artiste autrichien Oskar Kokoschka, figure originale et sauvage. 

 

L’exposition permet aux visiteurs de découvrir pas moins de 150 œuvres de l’artiste provenant des plus importantes collections européennes et américaines au sein d’un parcours chronologique offrant un large panorama de sa création tout au long du XXe siècle. 

Première exposition sur l’artiste autrichien en dehors d’un pays germanique, elle sera ensuite présentée à partir de mars 2023 au Guggenheim Bilbao. 


  • Qui est Oskar Kokoschka ? 

Né en 1886 à Pöchlarn en Autriche, Oskar Kokoschka fait des études à l’Ecole des arts appliqués à Vienne. Très vite, il se démarque de l’esthétique dominante de la Sécession viennoise et de la figure de Gustav Klimt, par la crudité de ses dessins et textes. 

Qualifié d’ »Oberwildling » (le plus sauvage de tous) par la critique, Kokoschka remue le paysage artistique de la Vienne impériale et conservatrice du début du XXe siècle. Il fait l’effet d’une onde de choc, notamment avec sa première exposition personnelle en 1910 à la “Kunstschau” de Vienne. Ses couleurs, sa sauvagerie et surtout son expressivité, le rapproche tout de suite des fauves, groupe d’artistes émergeant en 1908 autour de la figure de Matisse et prenant le parti de la couleur pure. Néanmoins, nourri d’une soif d’indépendance, le jeune artiste se tient à l’écart des avant-gardes artistiques préférant sa liberté.  

Ses premiers tableaux portraient la société viennoise de l’époque. Les toiles ont en commun des couleurs franches, parfois criardes, une touche épaisse faite d’empâtements et une grande expressivité à la fois dans le regard et les mains (cf. Le joueur de transe). L’artiste disait lui-même “Je suis expressionniste parce que je ne sais pas faire autre chose qu’exprimer la vie”. 

 

Auguste Forel, 1910, huile sur toile, Mannheim, Kunsthalle Mannheim

 

Un artiste dégénéré 

Avec l’ascension du faschisme dans les années 30, les avant-gardes du XXe siècle sont accusés de participer à la décadence des sociétés humaines. Artiste engagé, Oskar Kokoschka devient une cible du régime nazi et plus de 600 de ses œuvres (peintures, dessins, estampes) sont retirées des collections publiques allemandes. Neuf d’entre elles sont alors présentées lors d’une exposition itinérante s’intitulant “Entartete Kunst” (“Art dégénéré”) organisée en Allemagne et en Autriche durant 4 ans. 

Cette exposition avait pour but de dénigrer, critiquer l’art moderne au profit d’un art traditionnel inspiré de l’Antiquité grecque. 

En réaction à cette exposition, Kokoschka peint son Autoportrait en “artiste dégénéré” où les couleurs jaillissent sur la toile. L’artiste se présente bras croisés, regard fier, tourné vers le spectateur comme revendiquant son art face à l’oppression nazi.

Autoportrait en « artiste dégénéré », 1937, huile sur toile, Edimbourg, National Galleries of Scotland

 

Un artiste européen

A partir des années 50, Oskar Kokoschka bénéficie d’une grande notoriété. Il réalise de nombreux portraits de personnalités politiques de l’époque et une rétrospective de son œuvre est organisée au MOMA à New York en 1949, confirmant le statut international de l’artiste. Dans un monde où l’art est dominé par l’abstraction notamment autour de l’expressionnisme américain avec Pollock et Rothko, Kokoschka s’oppose à cette forme qui selon lui participe de la déshumanisation des sociétés. Il fonde par la suite une école à Salzbourg en 1953 dont l’enseignement est fondé sur l’image et l’observation. Sa peinture quant à elle se rapproche de ses premières réalisations, les couleurs éclatent sur la toile, la touche est vibrante mais les sujets ont changé il peint désormais des récits mythologiques, des tragédies grecques par lesquels il tente d’analyser les changements politiques, économiques et sociaux de l’Europe. 

Détail de Thésée et Antiope, 1958-75, huile sur toile, Vevey, Fondation Oskar Kokoschka, musée Jenisch

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une exposition à voir pour découvrir cet artiste autrichien au caractère singulier !

 

Du 23 septembre 2022 au 12 février 2023, le musée d’Art Moderne de Paris

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