1945-1972. L’Art migre à Paris et nulle part ailleurs.

1945-1972. L’Art migre à Paris et nulle part ailleurs.

24 artistes étrangers.

Du 27 septembre 2022 au 22 janvier 2023 au Musée de l’Histoire de l’Immigration

Voir l’immigration à travers le regard de 24 artistes plasticiens du XXe siècle : voilà l’intéressante proposition que nous fait le Musée de l’Histoire de l’Immigration. Les artistes, de façon directe ou indirecte, témoignent en effet à travers leur art des différentes problématiques que pose l’immigration.

 

Paris, considérée par beaucoup comme le centre artistique mondial entre 1945 et 1972

  Le commissaire de l’exposition, Jean-Paul Ameline, et son assistante, Chloé Dupont, se sont intéressés aux artistes ayant migré à Paris suite à la Seconde guerre mondiale, entre 1945 et 1972, et plus particulièrement à 24 d’entre eux, d’origines diverses. La capitale française était alors encore considérée par beaucoup comme le centre artistique mondial. La date de 1972 a été choisie car elle marque un tournant dans l’histoire de Paris, qui devient alors notablement moins influente sur la scène artistique mondiale. Cette année là est aussi celle de l’exposition organisée au Grand Palais, intitulée 60-72. Douze ans d’art contemporain en France, qui présentait de nombreux artistes étrangers venus s’installer en France et qui fut très mal accueillie par certains de ces derniers, donnant lieu à des manifestations.

 

1945-1972 L’Art migre à Paris et nulle part ailleurs. Une exposition accessible au plus grand nombre.

Jesús Rafael Soto, Penetrable blanco y amarillo
Jesús Rafael Soto, Penetrable blanco y amarillo, 1968/2019, AVILA / Atelier Soto, Paris.
© Adagp, Paris, 2022.

L’exposition, conçue pour le musée d’Histoire de l’Immigration, qui n’est pas un musée des Beaux-Arts, n’est pas destinée prioritairement à un public amateur et connaisseur d’art mais cherche à être accessible au plus grand nombre. Il s’agit néanmoins d’une exposition très riche et passionnante – la plus grande exposition d’art présentée dans ce musée jusqu’à présent – qui stimule le regard, l’esprit, le corps, avec des œuvres variées, tant par leurs techniques (peintures, collages, sculptures, installations, assemblages) que par leurs formats, sans perdre en cohérence. Les installations immersives ludiques de Jesus Raphaël Soto et de Carlos Cruz-Diez permettent ainsi au spectateur de participer activement à l’œuvre en entrant au cœur de celles-ci.

 

 

Des parallèles entre des artistes qui habituellement n’en ont pas

Joan Mitchell, A small garden,
Joan Mitchell, A small garden, 1980. Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat.

Des sections thématiques rythment le parcours et permettent de mettre en valeur le fait que des artistes d’origines diverses peuvent témoigner de problématiques très similaires, étant liés par leur statut d’immigré en France. Ainsi, un parallèle est fait entre les tableaux monumentaux du peintre chinois  Zao Wou-Ki et de l’américaine Joan Mitchell.

 

 

 

Plusieurs questions soulevées, des artistes engagés

Hervé Télémaque, Banania III, 1964. Collection privée, Paris. © Adagp, Paris, 2022
Hervé Télémaque, Banania III, 1964. Collection privée, Paris.
© Adagp, Paris, 2022

Les différentes sections abordent successivement les questions des exils volontaires, pouvant entraîner une nostalgie du pays quitté, qui est toujours présent, voire omniprésent dans les esprits, même s’il est éloigné géographiquement. D’autres artistes réalisent une critique de Paris, par exemple Hervé Télémaque, qui dénonce le racisme ambiant en faisant référence dans ses œuvres aux publicités de Banania. La question des hybridations est ensuite étudiée à travers des artistes peintres abstraits puis figuratifs. Vient ensuite une section intitulée L’opacité du monde, qui permet de s’intéresser à la réaction des artistes face aux spécificités de leur nouvel environnement, et en l’occurrence à l’importance des objets dans le Paris des années 1960, notamment avec d’impressionnant « tableaux pièges » de Daniel Spoerri. La dernière section, Un langage universel, montre finalement une volonté de créer un langage artistique parlant à tous, quelles que soient nos origines culturelles. Cette volonté est illustrée par exemple avec l’œuvre de Véra Molnar Lettres à ma mère, qui consiste en un rouleau de 11 planches sur lequel est tracé un dessin à l’ordinateur créé par la déformation informatique d’une lettre que lui a écrite sa mère. Les mots ne sont plus lisibles pour quiconque. Ne reste que l’idée d’un échange épistolaire, d’un éloignement.

 

Voilà donc une exposition passionnante et foisonnante à ne pas manquer !

 

INFORMATIONS PRATIQUES

 

Musée de l’Histoire de l’Immigration, 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris

 

1945-1972. L’Art migre à Paris et nulle part ailleurs.

Du 27 septembre 2022 au 22 janvier 2023

Du mardi au vendredi de 10h à 17h30

Samedi et dimanche de 10h à 19h

Nocturne les mercredis jusqu’à 21h

Dernier accès aux espaces 1h avant la fermeture

 

Tarifs :

Plein tarif : 8 €

Tarif réduit : 5 €

Entrée gratuite pour les moins de 26 ans et pour tous le premier dimanche de chaque mois.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.