Pourquoi aller voir l’exposition Eternel Mucha au Grand Palais immersif ?

 À deux pas de la place de la Bastille au Grand Palais immersif. Exposition mettant à l’honneur Alphonse Mucha. Du 22 mars au 5 novembre 2023 « Eternel Mucha » (110, rue de Lyon, 75012 Paris).

 

Alphonse Mucha, Gismonda (Sarah Bernhardt), sur pierre en couleur sur vélin fin, lithographie signée dans la planche, 39 x 29 cm, 1895.Qui est Alphonse Mucha ?

Né au sud de la Moravie (l’actuelle Tchécoslovaquie), Alphonse Mucha est un peintre, activiste, humaniste tchèque. Il a fait l’essentiel de sa carrière à Paris. Il commence une carrière de chanteur de chœur d’église. Mucha a un talent pour la musique mais Mucha montre aussi un talent précoce pour le dessin. Il change de direction et pose sa candidature pour entrer à l’Académie des beaux-arts de Prague. Malgré sa demande rejetée, il se rend à Vienne en 1879 à 19 ans et devient peintre de décor de théâtre. C’est alors l’élève d’Hans Makart. Soutenu par le comte Khuen-Belasi, il entame en 1885 des études à l’Académie des beaux-arts de Munich. En 1887, il se rend à Paris pour entrer à l’Académie Julian puis l’Académie Colarossi.

 

Son travail avec Sarah Bernhardt

Il réalise une affiche à la demande la comédienne Sarah Bernhardt sous les traits de Gismondia, en 1895, la pièce qu’elle joue au Théâtre de la Renaissance. Conquise, elle l’engage pour un contrat de six ans (lui confiant la création de ses affiches, ses décors et ses costumes). Cette rencontre va propulser sa célébrité parisienne. Ses affiches remportent un franc succès. Il va envahir la culture visuelle parisienne, en réalisant des affiches de toutes sortes. Avec du papier à cigarettes (Job), des biscuits (Lefèvre-Utile), du champagne (Ruinart), des Bières (de la Meuse), ainsi que des calendriers, des menus, des panneaux décoratifs, etc.

 

Son travail pour l’exposition universelle.

En 1900, il reçoit la médaille d’argent à l’exposition universelle. En effet, le gouvernement autrichien lui confie la décoration du pavillon de Bosnie Herzégovine. L’artiste en fait une tribune pour dénoncer la souffrance des habitants slaves causée par l’occupation par des puissances étrangères. Cette commande va nourrir ses aspirations profondes. Il va par la suite consacrer plus de 15 ans de sa vie à peindre une épopée en hommage à sa nation : l’Épopée slave, cycle de vingt toiles monumentales. En 1900, il est aussi nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il réalise en 1901, le décor de la bijouterie Fouquet aujourd’hui présentée reconstituée au musée Carnavalet. L’artiste quitte Paris pour se consacrer à son épopée à Prague. Son cycle fini, il décède dans la tourmente politique des années 1930. En 1939 suite à son arrestation par les troupes allemandes à Prague. Le peintre devient alors un héros nationale tchèque.

 

 

Une foule accompagne son inhumation dans le cimetière du monument Slavín de Vyšehrad. Ce lieu est réservé aux personnalités importantes de la culture tchèque.

 

Alphonse Mucha, L’Apothéose des Slaves : des Slaves au service de l’humanité, L’Épopée slave, tempera à l’œuf, huile sur toile, 480 x 405 cm, Prague, Galerie nationale, 1926.
Alphonse Mucha, L’Apothéose des Slaves : des Slaves au service de l’humanité, L’Épopée slave, tempera à l’œuf, huile sur toile, 480 x 405 cm, Prague, Galerie nationale, 1926.

 

Film

L’évènement s’ouvre sur une projection d’un film en trois parties qui présente trois moments fards de la carrière de l’artiste : de la Moravie à Paris, le Pavillon de la Bosnie Herzégovine à l’Exposition universelle et l’Épopée slave. Ses œuvres sont présentées dans un décor modélisé. L’exposition met en lumière Mucha en tant que peintre d’histoire et fervent défenseur du peuple slave. Toute son épopée est projetée sur un fond de musique envoutante, émouvante et captivante. Le spectateur est invité à prendre le temps de suivre l’iconographie détaillée de certaines œuvres de l’artiste. Les ornements, les motifs et les formes sont scindés et mis en valeurs individuellement aux même tires que les sujets.

Alphons Mucha, Lorenzaccio (Sarah Bernhardt), sur pierre
en couleur sur vélin fin, lithographie signée dans la
planche, 39 x 29 cm, 1897.
Alphons Mucha, Lorenzaccio (Sarah Bernhardt), sur pierre
en couleur sur vélin fin, lithographie signée dans la
planche, 39 x 29 cm, 1897.

 

Parcours immersif de l’exposition Eternel Mucha

Le grand palais immersif nous déroule un tapis rouge dirigeant le spectateur tout au long de l’exposition sur tout un parcours, interactif, immersif et olfactif. Suite à une frise bibliographique, on peut feuilleter numériquement les pages de son Pater, son chef-d’œuvre imprimé illustrant les verset du « Notre Père ».

 

Alphonse Mucha est un catholique dévoué qui s’intéresse aussi au mysticisme. La dimension ésotérique et symbolique présente dans son œuvre est détaillée par l’intérêt du peintre pour les « courants spiritualistes, la théosophie et la franc-maçonnerie ». L’immersion continue avec la voix du peintre qui revient sur sa philosophie utopique et humaniste.

 

Pour réaliser ses affiches de théâtre, Mucha travaillait d’après des photos de modèles transférés par une mise aux carreaux. Ses affiches les plus connues, « Gismonda », « Lorenzaccio », « Rêverie » et « Automne » sont projetés et incarnés par des modèles vivants. Les motifs de son œuvre sont animés et placent le décor autour de ses modèles qui reprennent vie. Le parcours nous mène aussi au cœur du processus créatif de l’artiste avec différentes photographies associés à des esquisses, des études , des dessins et des outils de son atelier, au château reculé de Zbiroh, en Bohême occidentale.

 

L’œuvre de Mucha est entrée dans la pop culture. Son style a une dimension internationale et intergénérationnelle. On parle d’un véritable « héritage Mucha ». Cette notion de transmission est mise en avant, les spectateurs sont notamment invités à s’approprier les motifs de l’artiste en créant leur propre composition de « style Mucha » à recevoir par mail et à partager. La mezzanine du Grand Palais Immersif présente différentes œuvres et artistes qui se sont inspirés de son œuvre (The Singh twins, Akiko Hatsu, Yoshitaka Amano, etc). La série Arcane présentée à l’écran par Julien Georgel, est projetée avec des gros plans sur son décor faisant référence à Mucha.

 

La femme Mucha

L’œuvre parisienne décorative de Mucha est incarnée par « la femme Mucha », un fantasme de femmes envoûtantes, sensuelles et séduisantes avec une chevelure imposante. Des courbes voluptueuses exaltent le corps de ces figures féminines avec des arabesques mêlant fleurs, fruits et végétations. Ses sujets sont cernés de noirs et se fondent dans un décor rempli de symboles géométriques, ésotériques, maçonniques, etc. Son œuvre est aussi marquée par un héritage de la culture slave, tchèque, grec avec une empreinte byzantine et slave (l’usage de la mosaïque) et des influences japonaises. Ses grands cycles de peintures historiques sont plus classiques. La dimension cosmique présente une vision humaniste plus dur, tournée vers l’humain, des rencontres et un peuple.

 

« Eternel Mucha » au Grand Palais immersif est une exposition inédite, interactive et immersive. Entre autres, on y respire les fleurs de son enfance et l’actrice Sarah Bernard reprend vie à travers son œuvre projetée. C’est une exposition accessible par sa dimension ludique, qui permet de mieux comprendre Alphonse Musa, sa vie, son œuvre, ses décors et peintures pour finir par sa postérité.

 

Son style décoratif est séduisant et universellement identifiable encore aujourd’hui. On le retrouve, dans la culture pop, la culture rock ou underground, etc.

 

« Je préfère être un créateur d’image pour les gens qu’un créateur de l’art pour l’art ».

 

Le « style Mucha » est repris par une longue liste de suiveurs de tous horizons. Alphonse est le maître de l’art nouveau, néanmoins selon l’artiste, il n’y a pas d’art nouveau, mais des œuvres qui s’inspirent perpétuellement du passé. Alphonse Mucha est un artiste qui répond à ses propres croyances et qui met son art au service de ses convictions humanistes pour rassembler.

 

Eternel Mucha au Grand Palais immersif

DU 22 MARS 2023 AU 5 NOVEMBRE 2023

GRAND PALAIS IMMERSIF – 110 RUE DE LYON, PARIS 12E

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.