Yves Saint Laurent Exposition inaugurale

Yves Saint-Laurent Exposition inaugurale.

Du 3 octobre 2017 au 9 septembre 2018.

Musée Yves Saint-Laurent. 5, avenue Marceau. XVIème arrondissement.

Une scénographie sobre et élégante, à l’image de son sujet.

Avant même le début de l’exposition, l’entrée laisse pantois. Tout le personnel est en costume noir, élégante livrée aux armoiries d’Yves Saint-Laurent. Il regarde le contenu des sacs (vigipirate oblige!), puis donne la permission d’entrer.

A gauche de la billetterie, un magnifique salon expose quelques clichés sur les murs et quelques extraits de défilés sur grand écran. Il s’agit d’une mise en bouche avant de faire le grand saut.

Croquis Yves Saint LaurentA droite commence enfin l’exposition inaugurale consacrée à Yves Saint-Laurent. La première salle réunit les principales pièces qui ont fait d’Yves Saint-Laurent un créateur original: la saharienne, le smoking féminin, le trench-coat. Un premier rassemblement de modèles explique le principe d’une collection. Des croquis de modèles sont également exposés.

Plus loin les savoir-faire dans la construction du tissu sont expliqués rapidement (un peu trop peut-être?): de la définition de l’armure jusqu’aux effets d’ornementation.

Salle suivante? Les exotismes. Comme souvent dans la mode, ce créateur s’est inspiré de contrées lointaines, idéales, rêvées. Lui-même disait entreprendre des «voyages imaginaires» qui étaient «immobiles». Les plus beaux il les faisait dans son salon, sur son canapé, dans ses livres. Mais peut-être aussi fut-il inspiré par son enfance, passée à Oran en Algérie?

Deux étages plus haut, vous tombez nez à nez avec des modèles presque sortis d’un livre d’histoire. Les drapés des vestales deviennent d’élégantes robes du soir en mousseline de soie. La tapisserie de la dame à la licorne peut désormais orner un décolleté. Des silhouettes moyenâgeuses suivent. Les tissus brochés de fils d’or rappellent l’opulence de la Renaissance et du XVIIème siècle. La forme des paniers, des corps à baleines et des crinolines inspirent les nouvelles formes des robes. Enfin, les modes de la première moitié du XXème siècle sont également réinterprétées au goût du créateur: la robe courte ornée et frangée des années folles, la silhouette élancée des années 1930, et même le style rétro des années 1940. Face à cet ensemble, trône sans flaflas le «Cœur», bijou emblème d’Yves Saint-Laurent. L’ultime récompense d’un mannequin était d’être choisie par le créateur pour le porter lors du défilé.

Bureau YSL

En poursuivant, le Studio est resté tel qu’il devait être du vivant d’Yves Saint-Laurent. C’est une pièce lumineuse, silencieuse, annonceuse de l’atmosphère de travail qui y régnait. Le grand couturier était installé à sa table, quoique table n’est qu’une expression ici: elle n’était composée que de deux tréteaux supportant un plateau avec les objets personnels inspirateurs et les fantastiques crayons. Après avoir visité le Studio, vous souhaiterez sûrement adopter la même ambiance dans votre lieu de travail. Le seul étonnement que je formulerai correspond à la petitesse de la bibliothèque qui devait inspirer les créations. Sa taille n’est pas grand chose sur les 30 ans passés en ce lieu, ou comparée à d’autres bibliothèques, telle celle de Karl Lagerfeld. Mais peut-être qu’Yves Saint-Laurent en avait une autre plus personnelle?

A l’entresol, se trouve une vidéo retraçant le lien exceptionnel entre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé. Plus que le Créateur, c’est Yves Saint-Laurent qui est présenté. Il s’agit d’ailleurs de la seule installation de l’exposition le présentant dans un cadre privé. Pierre Bergé est présenté comme l’homme d’affaires aimant quelques fois être metteur en scène, tandis qu’Yves Saint-Laurent est l’artiste monstrueux et tourmenté. A eux deux, ils sont «un aigle à deux têtes», deux forces différentes mais complémentaires, capables de diriger un empire.

Plus bas, les coulisses de la maison de couture sont présentées à travers six vidéos. Elles montrent les différentes étapes pour le succès d’une collection: le croquis, la confection, l’accessoirisation, le défilé, la presse, la vente.

En revenant sur ces pas, le talent et l’imagination du dessinateur sont montrés par certaines de ces esquisses. Leurs font face de splendides bijoux. Lors de la présentation, la robe n’est pas esseulée: sacs, gants, chaussures, chapeaux et bijoux finalisent l’idée générale de la tenue. Rappelons ici qu’Yves Saint-Laurent est le premier dans la Haute Couture à présenter des bijoux de fantaisie et à les revendiquer.

La dernière salle propose ces dernières expérimentations: la transposition de célèbres œuvres d’artistes La mariéeà la couture. Vous vous plairez à reconnaître du Mondrian, du Picasso (peintre préféré du Grand Couturier) ou du Chagal. L’exposition se termine par la déclaration officielle émouvante de sa sortie du monde de la mode «et on imagine que ce n’est pas sans déchirement […] car […] les plus beaux paradis sont ceux qu’on a perdus».

Remarques:

  • Exposition inaugurale: pour les néophytes aussi! Mais laisse impatient quant aux prochaines expositions temporaires…
  • On en redemande car la visite est rapide (environ 1h30).
  • De nombreux allers-retours dans la scénographie mais cela est dû à ce lieu si original!
  • Attention à la queue pour la vidéo de l’entresol (seul gros bémol dans la scénographie).
  • On aime la sensation de proximité avec les modèles et les photos sans reflets: il n’y a pas de vitres de séparation.

Les +:

  • Kids friendly
  • Entrée gratuite pour les étudiants en art

Enfin, rendez un petit hommage à ce créateur exceptionnel: Venez élégamment vêtus!

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