Regards sur la Vie Quotidienne au Musée de Cluny

Aujourd’hui, nous vous présentons l’exposition Regards sur la Vie Quotidienne au Musée de Cluny

Notre image de Moyen Age est souvent celle des temps ténébreux, enfermés dans les murs des châteaux forts régis par les mythes chevaleresques et muets par le silence des couvents et des monastères. Nous le voyons comme l’époque de la domination de la religion, qui impose les règles de la bonne conduite aux hommes dans leurs comportements au quotidien. Elle place la dévotion comme l’élément crucial de leur salut et de leur accès à la vie éternelle dans l’au delà. Mais entre ces grandes lignes et ces préjugés se cachent des activités qui n’ont guère encore changé aujourd’hui.

La vie quotidienne du Moyen Age

L’exposition du Musée Cluny, intitulée Regards sur la Vie Quotidienne est une occasion d’approcher la vie quotidienne du Moyen Age. Le musée est implanté au coeur de Paris, dans le 5e arrondissement. Depuis 1843, il est installé dans deux bâtiments classés au titre des Monuments historiques. Les thermes antiques du Nord de Lutèce (Ie-IIe siècles) et l’hôtel des abbés de Cluny (fin XVe siècle). L’exposition se trouve dans une seule salle, à l’étage du bâtiment principal. Les différents objets sont classés dans sept catégories différentes : la dévotion, le soin du corps, l’habitat, l’art de la table, lire et écrire, mesurer et compter, les jouets et les jeux.

La visite commence par la vitrine sur la thématique de la dévotion. De là, deux portiques blancs mènent aux autres vitrines avec le soin du corps, lhabitat, lart de la table, lire et écrire à droite et mesurer et compter, les jouets et les jeux à gauche de la salle. Peu importe la direction de la visite choisie le spectateur revient à la vitrine de la dévotion. Une bonne luminosité des vitrines permet au spectateur de contempler les objets en entier. Le visiteur découvre une courte notification explicative pour chaque objet, qui permet de remettre l’oeuvre dans son contexte.

Le parcours de l’exposition

Le visiteur commence sa découverte de la vie quotidienne au Moyen Age par la thématique de la dévotion. Il est amené à découvrir l’aspect de la dévotion plus privée. Ainsi qu’une sensibilité religieuse intériorisée, nourrie par des prières au sein d’un cadre domestique. Cette nouvelle forme de spiritualité est une expression de la devotio moderna qui apparait aux Pays-Bas. Elle favorise la création des supports mobiles, qui évoquent le sentiment de la passion et de l’amour pour le Christ. Le spectateur peut contempler des images de Jésus Christ, de la Vierge et des saints sur des triptyques. Ceux-ci sont réalisés avec les matériaux différents (ivoires, bois, faïence). Les supports exposés font souvent l’objet de commandes spécifiques. Elles répondent aux goûts esthétiques et caractéristiques dévotionnelles de leurs possesseurs et s’inscrivent dans le cadre de la prière et de la méditation personnelle.

La vitrine suivante présente

des objets liés à la thématique du soin du corps. Ils témoignent de l’importance que les hommes du Moyen Age portaient à l’hygiène. On y retrouve des objets différents comme des peignes, des tuniques, des valves de miroir ou des gravoirs qui servaient pour tracer des raies dans la chevelure. Les objets témoignent des différences sociales. Nous trouvons des objets richement décorés réservés pour les plus riches. Le spectateur voit que malgré les préjugés sur cette époque, le soin du corps occupait une place centrale dans la pratique de tous les hommes.

Plus loin dans l’exposition le spectateur peut trouver des objets de l’habitat et de l’art de la table. Le fait de présenter ces deux catégories l’une à côté de l’autre est intéressant car il permet de faire des parallèles entre la vie domestique et les pratiques des maisons médiévales.

Au Moyen Age, il n’y a pas à proprement parler de salle à manger, ni de table. Ils prenaient leur repas sur une planche sur des tréteaux. La fourchette n’apparait qu’au XVIe siècle, l’assiette n’existe pas. On retrouve la diversité des récipients en céramique, en bois, plus rarement en verre. Les habitats reflètent l’idée de la mobilité avec les meubles pliables et le coffre, un ami inséparable lors des voyages et des déplacements des sociétés. L’art de la table et l’habitat présentent aussi les diversités sociales qui se voient dans les pièces de luxe réalisées avec des techniques diverses et des objets de prestige disposés sur les meubles. Ils ont souvent un rôle ostentatoire et témoignent de la richesse de leur propriétaire.

L’importance de l’éducation,

Au cours de son voyage le spectateur découvre aussi l’importance de l’éducation, plus particulièrement de la capacité à lire et écrire qui au Moyen Age était réservée seulement à une partie de la population représentée par les membres de l’Eglise et de la noblesse, ainsi que la classe marchande et bourgeoise. L’éducation découlait souvent de l’instruction que délivraient les parents, les précepteurs particuliers ou les maitres des écoles monastiques. Avant l’invention de l’imprimerie, le livre est manuscrit, le visiteur peut voir des exemples de livres manuscrits, qui rassemblent des feuillets de parchemin ou de papier, écrits à la plume et à l’encre. A côté de ces manuscrits des exemples d’outils d’écriture tels que les plumes, nous découvrons des écritoires, des portes à plumes … des éléments qui reflètent l’aspect de la mobilité par le fait d’être portables et conçus pour le déplacement.

L’éducation est aussi représentée par une autre vitrine intitulée mesurer et compter. Elle permet d’évoquer l’économie médiévale qui se voit dans les échanges, la fiscalité et le commerce. L’élément centrale est la monnaie – le livre médiévale, qui donne de la valeur aux échanges et aux transactions. Le visiteur peut voir des exemples de balances et des séries de poids qui servaient essentiellement à mesurer l’impôt – la dîme.

Encore une fois on retrouve la question de la diversité des sociétés médiévales, les mesures varient en fonction de lieu où on se trouve. La mesure du temps est aussi évoquée. Pour approcher cet aspect, l’exposition propose les exemples d’outils de mesure tels que l’horloge ou l’astrolabe, très important dans la navigation et l’astrologie. Ces objets attestent aussi des échanges entre les pôles médiévaux majeurs : Occident chrétien et Orient musulman et byzantin, l’astrolabe étant un élément important de la science arabe.

Les jouets et les jeux du Moyen-âge

La dernière vitrine que propose l’exposition présente les jouets et les jeux. Au Moyen Age, une grande variété de jeux se développe. Ils sont les héritiers directs de jeux de l’Antiquité, tels que la mérelle ou le trictrac, ou incarnent la nouveauté comme les échecs, venus d’Orient vers 1000 ou les cartes inventées en Italie au XVIe siècle.

Nous découvrons un ensemble archéologique découvert par Arthur Forgeais (1822-1878) lors de drapages au niveau de l’île de la cité. Les jeux reflètent souvent l’importance de l’univers de la chevalerie et de la guerre sur le champ de bataille miniature, l’allégorie qui est à l’origine des jeux de plateaux. Ces jeux nécessitent l’apprentissage des règles et participent à l’éducation. Avec les jeux de sociétés, nous trouvons les figurines des petits soldats, les poupées et le jeu de tarot. Les éléments se différencient par les matériaux utilisés pour leur création, ils attestent l’existence de différents centres de production.

L’exposition Regards sur la Vie Quotidienne au Musée de Cluny rassemble près de 200 objets différents, permettant au visiteur de plonger au sein de la vie des sociétés médiévales. Ainsi elle offre un voyage très intéressant au cours duquel le visiteur peut voir des objets uniques et de grande valeur. Il est incité à reconstituer certaines pratiques de la vie quotidienne de l’époque médiévale. L’exposition n’est pas longue. Même si cela laisse un certain sentiment de faim.

Le spectateur sort satisfait. Avec un bagage de culture générale solide, il a un nouveau regard sur l’époque jugée souvent injustement de « ténébreuse ».

Musée de Cluny 

Avatar
A propos jeremiasz blachnik 12 Articles

Un auteur inconnu et rêveur, j’ai souvent les pensées perdues dans les débats philosophiques avec les nuances de mon existence. Passionné par l’Histoire, l’Art et la Littérature, je m’envole souvent vers les pays lointains, remplis de mystères et de fantaisie. L’exploration et l’aventure sont mes deux soeurs et la légende est mon futur surnom. Diplômé d’une double licence d’Histoire de l’Art et Archéologie et Histoire à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, je suis actuellement en Master 1 de Communication du savoir, Technologies de la connaissance et Management de l’information.

2 Rétroliens / Pings

  1. Cinq romans historiques à lire cet été - Parisienneries, livres pour l'été
  2. Cinq romans historiques à lire cet été - Parisienneries, livres pour l'été

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.