« Pluie sur mer » Une exposition de Minia Biabiany au Grand café de Saint-Nazaire

Minia Biabiany, Musa, vidéo, 13,53 min, 2020

Minia Biabiany du 8 octobre au 31 décembre 2022

Regard engagé de Minia Bibiany sur sa terre d’origine – la Guadeloupe –


L’exposition « Pluie sur mer » nous apporte le regard connaisseur et engagé de Minia Bibiany
sur sa terre d’origine – la Guadeloupe – ses coutumes, son histoire particulière et ses problématiques,
notamment liées à un contexte post-colonial, encore chargé de tabous. La jeune artiste est généreuse en
explications pour faire comprendre sa démarche artistique et sensibiliser aux sujets qui lui tiennent à
cœur.


Minia Biabiany, note photographique, travail de recherche pour l’exposition pluie sur mer, céramique, 2022L’exposition se déploie dans trois espaces.

Dans le premier, deux vidéos posent le décor et les enjeux politiques. Les deux autres salles permettent d’aborder ces problématiques en 3D. Cela permet de s’y confronter physiquement avec des installations épurées ayant été conçues spécialement pour le Grand café, à travers
lesquelles nous sommes invités à évoluer.

L’évocation de ses oeuvres 


Chacune de ces œuvres évoque le paysage guadeloupéen, soit à travers des images filmées, soit à travers sa représentation. Sa suggestion. Les installations mettent ainsi en scène des éléments directement rapportés de Guadeloupe (feuilles et écorces de bananier) et d’autres trouvés à Saint-Nazaire, mais évoquant le paysage des îles guadeloupéennes (sable volcanique, sel marin, vestiges de bateaux). Cela
crée un dialogue intéressant entre les œuvres et leur lieu d’exposition.
L’idée d’un mouvement est très présente. Les vidéos mettent ainsi en scène des gestes du quotidien, de l’apprentissage, du tressage, l’envol d’oiseaux ou encore le balancement des bananiers. Dans les installations, le mouvement de la marée est évoqué par des sillons ondulés de sel. Ils portent la mémoire de l’eau, et celui de la respiration, par des formes de tissus suspendues créées à partir de dessins
spontanés correspondant aux inspirations et expirations de l’artiste. Les mouvements des éléments naturels, du vent, de l’eau, du feu (à travers la menace d’irruptions volcaniques) sont centraux.
Les vidéos sont accompagnées d’un silence étrange, ponctué par la voix de l’artiste, qui pose des mots poétiques, évocateurs, sortes d’incantations mystérieuses, en français ou en créole qui transportent, font voyager. La scénographie des installations est imprégnée par la même poésie, avec la représentation de constellations imaginaires aux noms inscrits en créole, image du ciel idéal de l’artiste, énigmatique.

Le regard de Minia Biabiany  sur les conséquences actuelles de la colonisation

Au-delà d’un dialogue poétique entre le paysage lointain de la Guadeloupe et celui de Saint- Nazaire, l’artiste cherche à réfléchir aux conséquences actuelles de la colonisation, la traite négrière, avec tous les tabous qu’elle a engendrés. Cependant, ce message politique reste assez difficile à percevoir, par la simple observation des œuvres. On ressent un sentiment d’insécurité, d’instabilité, à travers la
fragilité des matériaux, du sable et du sel, prêts à s’envoler, des céramiques disposées au sol, que l’on pourrait si facilement briser, des fils de cordage, presque invisibles. L’artiste veut ainsi faire référence à la peur des guadeloupéens face à la menace de nouvelles irruptions volcaniques et aux dangers liés à la contamination des sols par la chlordécone dans les années 1970.

 

Le Grand Café. Centre d’art contemporain à Saint-Nazaire. vous invite à découvrir son exposition pluie sur mer de Minia Biabiany. présentée du 8 octobre au 31 décembre 2022


Cette exposition invite ainsi à un voyage poétique, empli de réflexions politiques d’actualité. Elle annonce l’exposition personnelle de Minia Biabiany, Difé, qui se tiendra au Palais de Tokyo entre le 19 octobre 2022 et le 8 janvier 2023.

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