Les Vampires, de Dracula à Buffy à la Cinémathèque française
DU 9 OCTOBRE 2019 AU 19 JANVIER 2020
Dracula Buffy des monstres reconnaissables
Les vampires… ces créatures mythiques et effrayantes sont l’unes des plus connues dans notre culture. On peut même dire qu’à coté du loup garou et du zombie, ils forment un trio des monstres les plus reconnaissables. Etant un grand fan de mythologie et de la littérature fantastique je m’intéresse beaucoup aux créatures légendaires de tout genre. Rien d’étonnant que mon attention ait été attirée par une exposition à la cinémathèque française intitulée : Les Vampires, de Dracula à Buffy à la Cinémathèque française
La cinémathèque française ne se situe pas loin de la cité de Bercy. L’exposition se trouve à l’étage accessible par l’ascenseur. Dès qu’on sort de l’ascenseur, on rentre dans un couloir sombre. Les murs sont noirs et le décor est stylisé à l’apparence d’un château, ce qui est visible notamment par les lampes en forme de chandeliers avec des bougies qui brillent de lumière faible. De plus on peut entendre des bruits des loups… en espérant que ce soient vraiment que des loups… Tous ces détails permettent au visiteur de se mettre dans l’ambiance de la découverte d’un lieu sombre, l’habitat des monstres, qui cache des mystères qu’un simple homme ne devrait jamais connaitre. On peut se sentir comme un véritable chasseur de créatures de la nuit.
Parcours de l’exposition – Dracula Buffy
La première salle offre au visiteur la possibilité de se plonger au coeur du sujet. On est amené à connaitre l’origine des vampires, ainsi que l’origine de leur nom. Ils sont présentés comme des créatures venant de l’Europe centrale. Les croyances sur ces créatures sont redécouvertes en Europe centrale au XVIIIe siècle et arrivent dans les salons parisiens. De nombreux extraits de nouvelles et des dictionnaires, dont les auteurs sont Alexandre Dumas, Voltaire ou Gustave Doré, sont mis à notre découverte. De plus sur les murs on peut observer des dessins représentant des créatures nocturnes. Cet aspect est vraiment très intéressant car ces dessins représentent l’imaginaire de vampire au XVIIIe siècle, qui est au coeur de l’image de monstre qui s’est inscrit aujourd’hui dans notre culture. A l’inverse de la forme plus humaine aujourd’hui, ces dessins représentent les vampire dans leur forme bestiale, presque comme des chauves souris géantes.
En s’avançant plus loin dans les couloirs sombres de l’exposition, on peut suivre la naissance progressive du mythe des vampires. Après avoir vu des nouvelles et des premières apparitions de mot « vampire », le visiteur se plonge dans l’historique des contes des ténèbres. Les récits d’un non-mort incarné aux attributs terrifiants se multiplient au XVIIIe siècle sous forme de traités scientifiques, avant de se cristalliser au XIXe siècle dans la littérature gothique comme dans les ouvrages Le Vampire de John William Polidori (1819) ou Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu (1872). La légende qui naît trouve un point d’orgue avec l’ouvrage culte de l’irlandais Bram Stoker, qui s’intitule Dracula, écrit en 1897. L’auteur prend comme source d’inspiration les deux personnages historiques : Vlad Draculea Tepes, l’Empaleur de Transylvanie et Elisabeth Bathory, la comtesse hongroise connue pour ses pratiques sanglantes avec les jeunes femmes lesquelles elle utilisait pour garder l’apparence jeune éternelle. Dans la salle se situent les différentes éditions de l’ouvrage de Bram Stoker, avec les différentes adaptations cinématographiques de cet ouvrage. Pour lier tout davantage, la projection des extraits de ces adaptations est montrée sur un des murs de la salle.
Du point de vue cinématographique l’exposition est très riche en détails. A notre découverte sont mis à disposition des extraits de films projetés sur les murs tels que Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau de 1922, des objets qui étaient présents dans le film, des extraits de scénarios et même les éléments de costume, qui étaient porté par Klaus Klinski dans Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog de 1979. Des photos des lieux décrits dans l’ouvrage de Stoker, qui était prises par Joahim Koester, sont montrés juste à côté, ce qui permet de faire le lien entre l’imaginaire de l’auteur et le réel. Cet aspect est très intéressant notamment parce que Stoker lui même n’a jamais visité la Transylvanie. Les descriptions dans son ouvrage ont été fondées sur son imaginaire de la région qui était qualifiée d’impassable et de trop sauvage à l’époque.
On a mentionné avant une certaine relation entre l’image et le texte. Cette relation se voit dans la suite de l’exposition qui définit l’art et le cinéma comme une expression purement vampirique. Le spectateur peut voir une évolution qui se dresse devant ses yeux, notamment avec les différentes changements et des métamorphoses que subit le cinéma : passage de noir et blanc aux couleurs, distorsion de la qualité de l’image, etc. Le personnage de vampire évolue avec le cinéma, il incarne la passion, le côté obscure de la sensualité, sa monstruosité devient plus humaine et se renferme dans le désir qu’un homme n’arrive pas toujours à contrôler. Un bel exemple de cette sensualité sombre peut être les photographies exposées de Cindy Sherman, ou les affiches de film Dracula avec Bela Lugosi dans le rôle principal.
L’évolution du personnage de vampire sort par la suite de son aspect artistique et touche d’autres domaines, tels que l’économie et la politique. Le spectateur est amené à voir comment le vampire a été utilisé en tant que personnage politique. Il représente souvent une menace incarnée par un groupe ou un mouvement dans la société, de même manière qu’il incarne la menace dans le cinéma. Au service d’une idéologie progressiste ou réactionnaire, il devient le symptôme d’un monde violent et trouble dont ont également rendu compte des artistes transgressifs comme Jean-Michel Basquiat, Mike Kelley, Niki de Saint Phalle. Le spectateur peut voir de nombreuses affiches où le vampire est utilisé comme un « mauvais », afin de faire passer un message politique. Il incarne celui qui opprime, celui qui infecte le bon fonctionnement de la société. Comme un exemple on peut évoquer les campagnes hygiénistes du début du XXe siècle jusqu’aux caricatures engagées des années 30, quand le monde découvre l’épidémie de SIDA et les scandales du sang contaminé, le personnage du vampire empêchant la libéralisation sexuelle. Ces affiches sont exposées aux yeux des spectateurs.
L’évolution du personnage de vampire continue avec la suite de l’exposition, elle présente ces créatures nocturnes Dracula Buffy en tant qu’êtres sexués à l’opposition des autres monstres tels que le zombie cataleptique. A l’origine de l’image de vampire comme un personnage séducteur et sensuel est Christopher Lee (1922-2015). Il donne au Comte des ténèbres un sex-appeal auquel s’ajoute dans les années 70 une dose de baroque outrancier. Le visiteur peut regarder les photographies qui représentent justement une telle image de vampire, dont certaines photographies provenant des tournages des différents films. Son regard est attiré aussi par des costumes élégants qui soulignent l’aspect de luxe, de richesse et de sensualité. Il y a toujours le lien entre le film et l’image, on peut regarder les extraits de films et voir les tableaux présentant les vampires dans l’acte de leur baiser vampirique. Le fait de sucer le sang est gonflé de désir sexuel et de la tendresse, il garde pourtant une goute de prédation.
L’exposition permet aussi au visiteur de découvrir l’image du vampire au coeur de notre pop culture. Cette image est bien différente de celle bestiale de début de notre voyage avec ces créatures nocturnes. C’est un être qui se distingue toujours par des forces surnaturelles, mais il s’autorise à être drôle et parfois même tout simplement ordinaire. De ce portrait se dégage le désir d’être accepté dans le monde parmi d’autres minorités, ainsi que le combat contre l’intimité trouble dans lequel peuvent se retrouver les hommes. Les vampires incarnent souvent le personnage des adolescents rebellés, dans leur période de vie un peu sombre et précaire. Le vampire est utilisé dans les dessins animés (Winston Family), les bandes dessinés (Batman) et même les publicité pour des produits divers (Rayban), où il perd parfois son aspect légendaire. Aux yeux des spectateurs sont exposés de nombreuses publications de bandes dessinés diverses, ainsi que des extraits des séries, des publicités et des dessins animés avec le vampire dans le rôle principal. Le personnage de vampire évolue et on peut même dire qu’en quelque sorte il se de-matérialise – il incarne des principes propres au coté sombre de l’homme.
L’exposition Les Vampires, Dracula Buffy permet de voir l’évolution du vampire depuis ses origines jusqu’à l’intégration de son image dans la pop culture. Elle offre des moyens divers pour le visiteur de pouvoir découvrir l’évolution dans la représentation de cette créature allant de son aspect bestial, passant par la figure sensuelle et engagée comme un symbole politique pour finir sur la figure plus humaine, représentant le côté sombre de la nature humaine. Il est intéressant de pouvoir toujours faire un lien entre l’image et le film, grâce aux affiches, les photos exposées et les extraits de films projetés sur les murs des salles d’exposition. Cela permet de mieux comprendre la représentation de vampire à différents moments. Tout est gardé dans l’ambiance sombre, voilée d’un certain mystère. L’exposition propose un voyage unique et originel à la découverte des comtes des ténèbres.
Je conseille fortement à croquer les dents dans cet événement!
Les Vampires, de Dracula à Buffy à la Cinémathèque française
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