La Vénus d’Urbino de Titien

Une Apothéose du Sensuel  

Inspiré de la Vénus Endormie réalisé en 1510 par Giorgione, La Vénus d’Urbino de Titien conjugue allures archangéliques et érotisme assumé.

Véritable ode à la beauté, cette huile sur toile nous donne à voir un nu féminin se déployant au sein d’un décor palatial empreint de luxe et de richesse.

Le regard de la jeune femme rivé sur le spectateur exalte une sensualité forte, l’invitant au sein son intimité. La posture prend part à cette lascivité, avec sa main guidant le regard vers son sexe, placé au centre de la toile.

La composition baigne au sein d’une atmosphère chaude et estompée, invitant à adopter une attitude contemplative. Titien procède par une juxtaposition de fines couches de peinture permettant de donner un éclat singulier à sa palette chromatique. 

L’Ambiguïté spatiale

L’intimité de la scène épouse un environnement prosaïque, constellé d’éléments relevant de l’ordinaire : le pot de myrte, le chien ou encore les deux servantes.
La structure se mêle à une perspective géométrique, qui selon Lomazzo crée une juxtaposition de surfaces distinctes.
Cette ambiguïté spatiale interroge la proximité du modèle avec le spectateur, situé à la jonction de l’espace architectural et l’espace réel. Daniel Arasse considère que le lieu consacré à ce nu n’est autre que la surface de la toile elle-même.
Sous le pinceau de Titien s’esquisse ainsi le paradis du corps selon le Dialogo d’Amore de Speroni, conversant avec une tendresse propre à l’artiste.
La Vénus d’Urbino nous incite à embrasser un environnement empreint d’une volupté et d’une grâce aux accents érotiques, qui inspirera les plus grandes compositions postérieures, en passant de Manet à Goya.