[vc_row][vc_column][vc_column_text]L’âge d’or de la peinture anglaise, de Reynolds à Turner, Musée du Luxembourg, du 11 septembre au 16 février
Par la présence d’un magnifique échantillonnage de la collection de la Tate Britain, le musée du Luxembourg invite à une plongée dans l’ambiance feutrée de l’Angleterre de Jane Austen.
Un face-à-face éblouissant, voilà par quoi commence la nouvelle exposition du musée du Luxembourg. Un face-à-face éblouissant entre deux géants de la peinture anglaise : Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough. L’un renommé dans la capitale, l’autre préférant la clientèle provinciale de l’Essex et du Suffolk, le premier théoricien et réfléchi, le second plus instinctif, ils se rejoignent cependant par leur même art élégant du portrait, leur même touche vive et enlevée inspirée de l’art de van Dyck. Entre 1760 et 1780, ils se partagent tous deux les commandes de la haute société anglaise et les ovations des critiques. Et ils font tous deux partie des membres fondateurs de la Royal Academy, créée en 1768 sur le modèle de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture française.
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Dans le portrait de Lady Bamfylde, Joshua Reynolds choisit de placer son modèle au plus près de la nature ; son coude légèrement appuyé sur un bloc de pierre, la jeune femme semble esquisser un mouvement de surprise magnifié par l’artiste ; et si l’écharpe est négligemment jetée pour plus de naturel, le cadrage en pied vient paradoxalement souligner la majesté du modèle. La pose n’est pas sans une lointaine référence à l’Aphrodite du Cnide de Praxitèle, dans la recherche d’une beauté radieuse et intemporelle. Et voici que Gainsborough lui adresse une réponse non moins talentueuse dans son portrait de Lady Bate-Dudley : même pose alanguie dans un cadre champêtre, même somptuosité des drapés soyeux ; cependant ici le modèle est résolument ancré dans l’immédiat, avec son regard volontaire ostensiblement détourné du spectateur ; ou plutôt, le peintre réussit à capturer son charme tout particulier. Loin d’être intemporelles, sa robe et sa coiffure démontrent combien la jeune femme est une beauté ancrée dans la mode de son temps. Quoi qu’il en soit, le paysage dans lequel sont placées les deux modèles vient annoncer le romantisme, né au siècle suivant.
Si le règne de Georges III voit la rivalité entre ces deux grands artistes, il est aussi le témoin de l’émergence d’un véritable marché du portrait, avec l’apparition d’un public bourgeois désireux de se faire représenter. Or, à Londres, à Bath et à Liverpool, les artistes ne manquent pas, bien que le public français d’aujourd’hui n’ait pas toujours retenu leurs noms : Francis Cotes, Johan Zoffany, George Romney, John Hopner, William Beechey, et bien sûr, Thomas Lawrence.
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George Romney dépeint Mrs Robert Trotter of Bush avec une grande sensibilité, apte à transmettre la psychologie de son modèle. Sur un fond de ciel orageux esquissé d’une touche rapide et délayée, un immense chapeau enrubanné à large bord jette une ombre sur le front de la jeune femme, ombre qui fait d’autant mieux ressortir la pâleur de la carnation, les joues très légèrement teintées de rose, le regard pétillant. Réalisé de façon virtuose sans dessin préalable, ce tableau réussit à atteindre un très grand niveau de naturel et d’acuité psychologique.
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On croirait rêver mais… non, vous vous êtes trompés, le Portrait d’Henri VIII de Hans Holbein le Jeune ne s’est pas échappé de son musée ; au lieu du terrible souverain d’Angleterre, ce n’est qu’un bambin souriant et joufflu qui se présente, tout fier, aux yeux du spectateur. S’il réinterprète avec beaucoup d’humour (anglais) une des icônes de l’art pictural d’Outre-Manche, Joshua Reynolds démontre par ce portrait sa capacité à retranscrire la fraîcheur et l’espièglerie enfantines, tout en jouant sur le rendu précieux des étoffes du costume ; on ne manquera pas non plus de remarquer le soin accordé aux petits chiens de compagnie… Ce portrait est tout à fait révélateur des commandes de portraits d’enfants, dont la multiplication est à mettre en relation avec les écrits fréquents au XVIIIe sur l’éducation et la psychologie enfantine, comme L’Emile de Rousseau.
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Afin de séduire le nouveau marché de commanditaires bourgeois, les peintres s’inspirent des portraits de famille flamands, tels ceux de Frans Hals, afin de créer un nouveau genre : celui des conversation pieces. Zoffany, peintre d’origine allemande et donc formé à la précision des détails des écoles du Nord, révèle ainsi son talent à disposer élégamment un groupe, tel ce tableau où la jeune fille est incitée par ses parents à recopier une statue antique ; repensons aux Réflexions sur l’imitation des oeuvres grecques dans la peinture et la sculpture, publiées par Winckelmann dix ans plus tôt, et qui prônaient la référence à l’Antiquité classique comme idéal esthétique.
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Même artiste, même genre pictural de la conversation piece ; et pourtant, le portrait du Colonel Blair avec sa famille et une servante indienne se déroule à des milliers de kilomètres des îles britanniques. Alors que la Grande-Bretagne était sortie affermie de la Guerre de Sept Ans, la déclaration d’indépendance américaine est un coup dur pour l’empire anglophone, qui désormais se tourne davantage vers le monde indien. En témoigne la carrière de Zoffany, installé à Calcutta à partir de 1783, et ce tableau qui, teinté d’exotisme par la présence de la servante, est pourtant en référence constante aux conventions des portraits de la métropole.
Le contexte politique marque également la peinture anglaise de ce temps dans la mesure où les guerres napoléoniennes rendent moins facile l’accès aux collections du continent. Cette coupure relative vis-à-vis de l’art des siècles précédents est alors l’occasion pour les artistes de mettre à l’honneur un genre novateur, bien que moins prisé par l’Académie : le paysage. Aux peintures à l’huile précises, presque miniaturistes dans le traitement des détails, font désormais concurrence les aquarelles, dont la facilité d’exécution et le petit format sont aptes à plaire au public bourgeois. Les peintres se mettent à étudier directement la nature et s’intéresse aux effets de luminosité, démarche qui annonce le romantisme, et même, plus lointainement, l’impressionnisme.
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Les portraits et les paysages plaisent énormément au nouveau marché d’acheteurs anglais, certes ; pourtant ce n’est pas l’idéal porté par la Royal Academy, qui continue de plaider la suprématie de la peinture d’histoire. Ce décalage entre classification théorique des genres et réalité du marché crée de nombreuses frustrations, et beaucoup d’artistes sombrent dans la dépression ou l’alcoolisme, comme Daniel Stringer, qui finit par disparaître de la scène artistique. Cependant un nouvel envol de la peinture d’histoire se fait sentir dans les années 1780 et vient sauver ce genre : inspirés par les pièces de théâtre, des thèmes nouveaux, dramatiques et fantastiques, envoûtent le public en suggérant des émotions fortes et des effets visuels très marquants. Ainsi la Destruction de Pompéi et d’Herculanum, de John Martin, ressemble-t-elle presque à un décor hollywoodien apocalyptique, avec ce tourbillon de nuées rouge feu répondant à la mer déchaînée, aux éclairs zébrant le ciel. Et c’est de ce goût pour une nature sauvage et instinctive que naît, quelques années plus tard, le romantisme.
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Tarif Réduit Amis du Louvre : 13,50 €
Tarif Réduit 16-25 ans : 10,50 €
Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard 75006 Paris
Tél. : 01 40 13 62 00
- RER : ligne B, arrêt Luxembourg (sortie Jardin du Luxembourg)
- Métro : ligne 4, arrêt Saint Sulpice ; ligne 10, arrêt Mabillon
- Bus : lignes 58, 84, 89, arrêt Luxembourg ; lignes 63, 70, 87, 86, arrêt Saint Sulpice
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