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Krzysztof Kieślowski à la Cinémathèque française

Le top départ de la rétrospective de Krzysztof Kieślowski à la Cinémathèque française, avec La double vie de Véronique

Vendredi soir, on rentre du travail, on se pose sur le canapé après toute la journée du boulot et on démarre Netflix… Le procédé commun à presque tous les gens, en France et au delà des frontières de l’hexagone. Un moment relaxant, calme, sans prise de tête, nous permettant de reprendre nos forces et oublier les ennuis de quotidien. Que faire pourtant quand notre soif n’est pas satisfaite par le répertoire que nous propose les plateformes de streaming ? Plusieurs solutions s’offrent à nous. Nous pouvons chercher un vieux film dans la bibliothèque DVD (si encore on en possède une bien sûr!), nous pouvons espérer trouver un titre captivant à la télévision, ou bien nous pouvons prendre notre manteau, monter dans le métro et visiter la Cinémathèque française. 

La Cinémathèque française… j’ai plusieurs fois visité cette magnifique institution et je n’ai jamais été déçu par mes expériences. J’ai eu la chance d’y revenir le mercredi 29 septembre, pour le top départ de la rétrospective de Krzysztof Kieślowski, un réalisateur polonais, qui dans les années 1970-1980 aurait fourni au cinéma un véritable « spectre des images ». Cette rétrospective a pu être ramené au public grâce à l’effort commun des directeurs de trois institutions : l’Institut de Adam Mickiewicz en Pologne, l’Institut polonais de Paris, ainsi que la Cinémathèque française. Les films ont été soigneusement recueillis et préparés pour épater  le public encore une fois par la vision artistique de ce fameux cinéaste tout à fait unique. 

Pour parler de l’oeuvre de Krzysztof Kieślowski, il faut tout d’abord rappeler le contexte dans lequel sa création grandissait et murissait. Formé à l’École de cinéma de Łódź, il réalise à partir de 1966 une vingtaine de documentaires décrivant la société polonaise de l'époque avant de passer en 1976 à la fiction. Ses longs métrages s'inscrivent dans le courant cinématique de l'inquiétude morale, mouvement réaliste du cinéma polonais qui traite des questions sociales et aborde des thèmes moraux complexes. Profondément imprégné par le catholicisme, sans se déclarer croyant, il était tout aussi marqué et préoccupé par la résistance au régime communiste sans revendiquer de parti pris politique. Ces aspects retentissent dans sa création : un regard acerbé sur les conditions de vie, l’absurdité des situations et avant tout une profonde humanité des personnages. Kieślowski explore les diverses manières de faire parler le film dans une société étouffée par le communisme et privée de sa propre représentation. 

Ce soir là, j’ai eu l’occasion de regarder La double vie de Véronique, sorti en 1991. J’ai été profondément intrigué par ce film, qui a retenu mon attention jusqu’à la dernière scène, jusqu’à la dernière parole prononcée. Sans rentrer dans les détails, le film présente l’histoire des deux femmes : Weronika vivant à Cracovie et Véronique vivant à Clermont-Ferrand en France. Le récit des personnes ordinaires, faisant face aux problèmes du quotidien est rapporté ici par l’art du montage. Kieślowski dialogue avec la vie des deux femmes, les suit dans leur intimité et emmène le spectateur avec lui. Le montage est la clé pour une compréhension du monde et des rouages cachés de l’organisation sociale. 

Le spectateur est libre d’interagir avec le récit, de proposer sa propre interprétation, avec les outils que Kieślowski lui donne. C’est justement cet aspect là qui favorise la compréhension et la reconnaissance de ses films dans le monde entier. La double vie de Véronique est un récit sur la nature complexe des personnes ordinaires, où le beau rôle est donné aux petits objets. Ce sont ces objets qui interviennent et rythment le quotidien des personnages, en proposant de nouvelles perceptions de la réalité. Un art du montage qu’on pourrait qualifier de surréaliste. 

C’est ainsi, que je suis ressorti de la Cinémathèque rempli d’émotions mitigées, que je n’arrivais pas à définir de manière précise. La curiosité, l’incompréhension, la fascination, l’admiration, la tristesse… Si le but du film était d’émouvoir le spectateur, c’est mission accomplie. Et ce n’est que le début de cette aventure cinématographique que nous prépare la Cinémathèque française. La rétrospective de Krzysztof Kieślowski durera tous le mois, du 29 septembre jusqu’au 25 octobre et accueillera tous les amateurs d’un cinéma profond, réflectif et polysémique. Si vous en faites parti, n’hésitez pas à le découvrir par vous-mêmes!