L’exposition Anni et Josef Albers au MAM s’est ouverte au public le 10 septembre 2021 et nous propose, pour la première fois en France de suivre le parcours artistique des Albers, artistes d’origine allemande : Anni et Josef.
Ambitieuse, l’exposition nous présente trois-cent-cinquante œuvres issues de différentes collections dont celles de la fondation de Josef et Anni Albers (The Josef and Anni Albers Foundation). Les premières salles sont consacrées à leurs premiers échanges au sein du Bauhaus (Ecole d’architecture et d’arts appliqués à Weimar), nous voyons leurs premiers travaux ainsi que des archives en allemand, qui malheureusement ne sont pas traduits au sein des dispositifs même de l’exposition.
Les deux artistes sont issus de deux milieux sociaux différents, Anni Fleischmann est issue d’une famille bourgeoise berlinoise, d’origine juive et convertie au protestantisme. Quant à Josef Albers, originaire de la Ruhr, est issu du milieu ouvrier. Après plusieurs expériences dans le milieu de l’enseignement et des arts, J. Albers rejoint le Bauhaus à l’âge de trente-deux ans en 1920 et Anni Albers en 1922 alors âgée de vingt-trois ans.
Josef Albers s’intéresse dans un premier temps à différents matériaux, mais travaille en particulier le verre, matériel pas étudié encore au sein de l’Ecole. Il finit d’ailleurs par obtenir gain de cause auprès du directeur du Bauhaus, Walter Gropius afin de poursuivre ses travaux autour du verre et prend la direction de cours en 1923. Anni Albers rejoint l’atelier de tissage, ne pouvant pour raison de santé rejoindre celui de la peinture murale. Son intérêt se porte sur le noir, les différences de matières.
En 1933 les difficultés se multiplient pour le couple, le Bauhaus ferme définitivement en juillet de la même année. Anni Albers rencontre Philip Johnson, architecte américain et conservateur au Museum of Modern Art de New York, grand admirateur de son travail. Il propose alors au couple d’enseigner aux Etats-Unis, au Black Mountain College en Caroline du Nord, une école expérimentale qui met l’accent sur les dialogues et les échanges entre les élèves et les professeurs. Entre 1935 et 1967 le duo d’artistes parcourt l’Amérique latine dont le Mexique et Cuba. Anni Albers met l’accent sur la nature même des matériaux et les techniques anciennes notamment. Quant à J. Albers, il s’intéresse aux formes et à la couleur. Il est intéressant de voir des objets issus de leur collection personnelle. Leur statut même de collectionneur-ses est mis aussi en avant dans l’exposition et montre directement une de leur source d’inspiration.
Bien que les deux artistes aient chacun poursuivit leur propre voix artistique, ils se sont soutenus mutuellement dans la pratique de leur art. Les salles reviennent sur les différentes expériences des deux artistes dont celles de Josef Albers en peintures sur les couleurs et les structures, et la nouvelle conception que fait Anni Albers au sujet du tissage. Elle les pense comme des tableaux en utilisant plusieurs techniques. Une salle est également dédiée à leur enseignement ou nous pouvons voir des travaux d’Anni Albers, avec des grains de maïs et d’étudiants, autour des formes, de la matière.
Un premier projet est réalisé en 1961 pour un sanctuaire dans l’Etat de Rhode Island, pour la congrégation B’nai Israel et en 1965 le Jewish Museum de New York lui passe commande afin de commémorer la mort des six millions de Juifs tués. Cette œuvre se présente comme des rouleaux de la Torah, écrite en hébreu.
Une grande salle est consacrée aux derniers travaux de Josef Albers, alors directeur du département de design de Yale University dès 1950 pour la série Homage to the Square qui comporte à l’origine mille tableaux et occupe pratiquement la majorité de la fin de l’exposition. L’exposition se conclut sur les derniers travaux d’Anni Albers qui bouleverse ses pratiques. En effet, cette dernière à partir de 1962 dirige les ateliers de lithographie à Tamarind Lithography Workshop à Los Angeles.
Une visite guidée au prix de deux euros quatre-vingt-dix-neuf centimes est accessible en français et en anglais. Nicholas Fox Weber, directeur de la fondation et ami des artistes vous fera découvrir l’exposition. Plusieurs dispositifs audiovisuels sont également visibles au cours de votre visite.
L’exposition Anni et Josef Albers au MAM prend fin le 9 janvier 2022 au Musée d’art moderne