Romain Duris incarne un père brisé à la recherche de sa fille dans le nouveau film poignant de Guillaume Senez, « Une part manquante ». Ce drame explore le sujet des « enfants volés » au Japon, un phénomène sociétal complexe qui touche de nombreux parents, japonais et étrangers. Le film, qui sort en salles le 13 novembre 2024, marque la troisième collaboration entre Senez et Duris après « Keeper » en 2015 et « Nos batailles » en 2018.
Un père confronté à une douloureuse réalité
Dans « Une part manquante », Romain Duris interprète Jérôme, surnommé « Jay », un chauffeur de taxi à Tokyo qui s’apprête à rentrer en France après avoir passé près de dix ans à chercher sa fille Lily, en vain. Alors qu’il s’apprête à signer la vente de sa maison, une jeune fille ressemblant étrangement à Lily monte dans son taxi. Troublé, il découvre quelques jours plus tard qu’il s’agit bien de sa fille, âgée de 12 ans, qu’il n’a pas vue depuis sa séparation avec sa mère japonaise neuf ans auparavant.
Un phénomène sociétal au cœur du récit
Le film aborde la question sensible des « enfants volés » au Japon, un pays où, jusqu’à récemment, la garde partagée n’était pas une option légale. Le parent qui s’emparait en premier des enfants obtenait la garde, incitant de nombreux parents séparés ou divorcés à enlever leurs enfants. Selon certaines associations, 150 000 mineurs seraient ainsi « enlevés » chaque année au Japon.
Senez a été sensibilisé à ce phénomène lors de la présentation de son film précédent, « Nos batailles », au Japon. Il a été touché par les témoignages d’expatriés confrontés à cette situation. Ce sujet d’actualité lui a permis d’explorer la thématique de la parentalité, qu’il aborde depuis ses débuts.
Un film miroir de « Nos batailles »
« Une part manquante » se présente comme un miroir inversé de « Nos batailles ». Si « Nos batailles » dépeignait le quotidien d’un père solo débordé par la gestion du quotidien, « Une part manquante » met en lumière le vide laissé par l’absence d’un enfant.
Une mise en scène sobre et efficace
Senez opte pour une mise en scène sobre, mettant l’accent sur le jeu des acteurs. La ville de Tokyo, filmée en arrière-plan à travers les vitres du taxi de Jay, offre un cadre dynamique et réaliste à l’histoire.
Romain Duris, parfaitement à l’aise dans les rues de Tokyo, livre une performance sensible et touchante. Son personnage, tiraillé entre l’espoir de renouer avec sa fille et la crainte de la brusquer, est empreint d’une émotion palpable.
Des personnages secondaires qui enrichissent le récit
Senez ne se limite pas au personnage principal. Il complète le tableau de ce phénomène sociétal avec les histoires de personnages secondaires, comme un père japonais au bord du suicide ou Jessica, incarnée par Judith Chemla, dont les parents ont été privés de leurs enfants. Ces récits parallèles illustrent les différentes facettes de la douleur et du désespoir engendrés par la séparation forcée d’un parent et de son enfant.
Une œuvre personnelle et engagée
Avec « Une part manquante », Guillaume Senez continue de construire une œuvre cinématographique personnelle et engagée. Il aborde des sujets intimes et universels, liés à la famille et à la société, avec une sensibilité et une justesse qui touchent le spectateur.
Le film « Une part manquante » promet d’être un drame poignant et réaliste, porté par la performance remarquable de Romain Duris. Senez, en s’attaquant au sujet complexe des « enfants volés » au Japon, signe une œuvre qui ne manquera pas de susciter l’émotion et la réflexion.
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