Bacon en toutes lettres au Centre Pompidou

Bacon en toutes lettres au Centre Pompidou

Bacon, en toutes lettres au Centre Pompidou du 11 septembre 2019 au 20 janvier 2020.

Le Centre Pompidou présente actuellement jusqu’au 20 janvier 2020 une rétrospective qui présente les œuvres tardives de Bacon. De plus, cette exposition propose une lecture littéraire de ces œuvres avec 6 textes choisis dans la bibliothèque de Bacon.

L’exposition présente les œuvres de Bacon peintes entre 1971 à 1992. Ce n’est pas la période la plus célèbre de l’artiste. Nous sommes à la fin de sa carrière et au moment où il est moins acheté sur le marché de l’art des années 80. Le parti pris est de mettre en lumière ces œuvres moins célèbres et montrer comment celles-ci aussi témoignent des principes picturaux de l’artiste.

Cette œuvre n’est pas celle qui nous accueille mais elle ouvre la période chronologique choisie. L’artiste a peint cette toile après le suicide de son compagnon. C’est le premier triptyque de l’exposition, notre regard est attiré par lui. Un format que nous retrouvons beaucoup dans le reste de l’exposition.

Bacon et la littérature:

J’ai trouvé personnellement que le lien avec la littérature est mal justifié. L’exposition part du fait que la littérature par le travail des mots évoque des atmosphères et des images dans la tête des lecteurs. Ainsi, ces œuvres de Bacon sont mises en relation avec des textes littéraires : des tragédies grecques, des textes poétiques ou philosophiques. Ces textes auraient plus ou moins indirectement inspirés l’artiste.

La tragédie d’Eschyle « les Euménides », de la trilogie de l’Orestie est la source d’inspiration de ce triptyque. Le caractère tragique est rendu par la représentation de ces trois personnages mutilés, désarticulés et évanescents. Ces images morbides nous mettent d’autant plus mal à l’aise qu’elles sont devant des portes entrouvertes vers un espace noir qui évoque le néant.

Les salles de lecture :

L’absence de cartels peut être déroutant et frustrant. Cependant, cela force les visiteurs à se concentrer sur l’œuvre et les effets qu’elle provoque. Les 6 salles consacrées à la lecture d’extraits de texte compensent ce manque d’explication. Ces lectures doivent suggérer des images qui entrent en échos avec les peintures. C’est une expérience sensible avec les œuvres de Bacon qui est recherchée. Cependant, plusieurs défauts rendent cette expérience sensible difficile. Les salles de lecture sont importantes dans la compréhension des tableaux. Pourtant, ces salles obscures sont quasiment vides car les sièges ne sont vraiment pas confortables. Le visiteur n’a pas vraiment envie de s’y attarder.

J’invite les visiteurs à prendre le temps d’écouter ces textes. Afin de plonger dans l’atmosphère inquiétante et puissante de cette exposition.

Des sensations fortes :

Les tableaux de Bacon jouent avec l’effet que procure le contraste des couleurs. Ces œuvres ne cherchent pas à flatter l’œil du spectateur. Bacon veut être un peintre réaliste, son but est de montrer la nature des choses, mêmes les choses les plus mauvaises. Pour autant ces œuvres tardives de Bacon ne perdent pas notre regard. Bien sûr, il y a quelques œuvres d’une grande violence esthétique avec des images morbides de corps disloqués et ensanglantés. Des images qui font la renommée de Bacon.

Cependant, la plupart des œuvres de l’exposition, si elles ne flattent pas notre regard, ne cherchent pas non plus à le perdre et/ou lui faire absolument violence. La présence constante d’un élément figuré qui se détache et les jeux puissants de compositions sont comme des repères visuels et intellectuels pour le spectateur qui nous permettent d’autant plus d’apprécier les images abstraites de l’artiste. Ces jeux de compositions peuvent faire penser aux œuvres classiques qui mettent en scène des grandes perspectives.

Le contraste constant entre des espaces aux couleurs et aux matières homogènes renforce le caractère étrange des peintures. Comme la pièce représentée par des grandes plages de couleurs et les images aux couleurs et matières très hétérogènes.

Représenter la nature des choses et plus particulièrement celle de l’homme :

Nous pouvons relever le nombre important d’œuvres intitulées « études du corps humain ». Ces peintures nous proposent une large variété de la représentation de l’humanité. L’homme est au centre des préoccupations de l’artiste, qui représente son caractère complexe par la fusion des couleurs. Ainsi, Bacon cherche à peindre l’extérieur et l’intérieur des choses, comme si la matérialité du corps humain peut montrer quelque chose de notre intériorité, de notre âme, qui elle est immatérielle.

Sur ce tableau : nous pouvons observer l’exactitude anatomique de ce personnage masculin mais cette image reste étrange car sa carnation bariolée contraste dans l’imaginaire du visiteur avec l’image classique du nu féminin.

Il me semble que c’est une exposition intéressante pour plonger dans l’univers de Bacon. Ce point de vue original entre l’artiste et la littérature renouvelle le regard courant que l’on peut avoir sur Bacon : un artiste avec des œuvres très violentes et morbides. Cependant, son accessibilité est limitée. Je ne suis pas sûre qu’elle soit adaptée pour les enfants, car c’est une exposition qui demande de se poser et il y a beaucoup de monde.

Le manque de cartels peut décourager les amateurs et donner l’impression que c’est une exposition qui ne peut être pleinement vécue que par les connaisseurs. Il ne faut pas s’arrêter à cela car c’est avant tout une exposition autour de l’effet saisissant des images qu’a peintes Bacon dans notre imagination. Allez-y en quête de nouvelles sensations et d’images.

Voir le site du Centre Pompidou

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A propos Romane Lamisse 2 Articles
Férue d'art moderne et contemporain, Romane aime partager sa passion. De nature curieuse elle va à la rencontre des dernières créations en tout genre. Vous pouvez la croiser à une exposition carnet et stylo à la main avec un air inspiré.

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