Folie’Flore à Mulhouse – Vingt ans d’art fleuri !

Que faire à Mulhouse ce week end ? Allez à Folie’Flore, au parc des expositions !

Vingt ans de plaisir et d’émerveillement à Mulhouse, entre folie colorée, motifs audacieux, ambiances oniriques et végétation luxuriante. Tous les habitants attendent chaque nouvelle édition fébrilement. Il ne s’agit pas de son célèbre marché de Noël des textiles (bien que les Mulhousiens soient aussi impatients de retrouver cet événement phare de leur ville) mais de l’exposition plein-air Folie’Flore à Mulhouse ! Spectacle très reconnu qui fête cette année ses vingt ans, les communes de l’agglomération ont tout fait pour célébrer dignement cet anniversaire malgré le contexte sanitaire et économique difficile. À voir de toute urgence avant sa fermeture le 11 octobre 2020 !

Sur dix mille mètres carrés, nous sommes invités à pénétrer dans un macrocosme insoupçonné où se déploie une vingtaine de jardins paysagers, à la narration et à la mise en scène variée. Ici, les maîtres paysagistes s’associent à une commune ou à une structure publique/privée pour créer un cadre suspendu le temps d’une balade. Entre jeu de couleurs, de textures et de lumières, le défi est de taille ! Pour garantir la fraîcheur des végétaux, tout doit être installé en une semaine et le festival ne dure guère plus longtemps. Un spectacle éphémère certes, mais qui vaut vraiment le détour ! De plus, le comité d’organisation a réussi à favoriser les gestes barrières en élargissant cette année la largeur des allées du parcours.

Plongeons-nous un peu plus dans ces jardins-paysagers sans vous en révéler trop pour autant :

 

 

Le plus spectaculaire :

D’entrée de jeu, une immense pierre de douze tonnes accueille les promeneurs à la Folie’Flore à Mulhouse. Sa taille étonne mais plus encore, sa position : elle semble flotter dans l’air ! Les paysagistes, associés à l’aéroport Bâle – Mulhouse, ont rivalisé d’inventivité pour mettre en œuvre l’illusion. Les différents jets d’eau, dans un concert de ruissellement et de musique épique, semblent soulever le lourd roc. Grâce à ce thème aérien qui défie l’adversité et les lois de la nature, le visiteur est de suite porté hors du monde pour commencer sa fantastique pérégrination.

 

Le plus poétique :

Sans aucune hésitation, le jardin proposé par l’Écomusée d’Alsace ! Entre poésie et artisanat, l’institution culturelle nous propose de traverser mille lumières colorées pour découvrir la végétation sous un nouveau regard. Jardin cathédrale ou arabesques feutrées des lampes Tiffany : chacun trouve dans ce tableau des souvenirs à travers ces éclats de couleur. Le positionnement des différents projecteurs derrière les morceaux de verre permettent de compléter cette mise en plis végétale avec brio. La présence d’un petit bassin crée également de superbes jeux de reflets et octroie une touche sereine et stable à l’ensemble. Tout est vu dans le détail : au fond du jardin sont suspendues de longues guirlandes d’insecte en verre qui se déploient dans le vent, comme statufiés en plein vol. L’Écomusée réussit ainsi à peindre un paysage presque « impressionniste » aussi léger que poétique. Le mariage de l’art paysager et de l’art de l’émail vitrifié est un pari réussi ! Un petit panneau à côté de l’installation présente même les artisans et paysagers ayant œuvré pour cette délectable alliance.

 

 

Le plus moderne :

D’autres tableaux jouent sur des mises en scène plus contemporaines, comme le jardin des abysses de l’UNEP (Union nationale des entreprises du paysage). Depuis plusieurs années, le numérique se glisse de plus en plus dans les scénographies d’exposition. Là où parfois elle peut être de trop dans certains musées (qui perdent alors leur pertinence en masquant les collections), ici tout est fait pour réellement mettre en valeur la végétation, sa disposition et lui donner encore plus vie. Sous un chapiteau noir, le visiteur déambule comme un poisson dans les profondeurs marines, encerclé par des rideaux d’eau où sont projetées des images de la faune aquatique. La présentation de fonds océaniques monumentaux se perd parmi l’utilisation de différents écrans retransmettant des vidéos de poissons nageant. Ils donnent alors l’impression de se mouvoir avec agilité et grâce dans un cadre immobile, imaginé de toute pièce. Un peu plus loin, dans un tunnel de tulle, des projecteurs recréent les reflets de lumière sous-marine. Le visiteur se prend alors au jeu et devient un plongeur explorateur le temps de quelques minutes. La végétation prend ici le dessus, entre force mystérieuse et protectrice, recouvrant à la fois des épaves inconnues et des niches de trésors oubliés.

 

 

Le plus songeur :

Certaines compositions se distinguent également par une nouvelle réflexion, un discours induisant le questionnement. Avec le jardin vivant Usin’Art, le visiteur est invité à considérer avec un œil critique ce qui l’entoure, ce qu’il voit. Pour le jardin de l’usine, les promeneurs découvrent dans un son et lumière impressionnant, des ateliers industriels et végétaux. Les plantes se rangent sagement en rang d’oignons, sont classées dans des dressoirs numérotés, recouvrent de manière ordonnée les différentes structures. Tout donne l’impression que rien n’est laissé au hasard. La présence de mannequins humains recouverts de toile est en premier lieu déroutante, voire dérangeante. La nature est ici entièrement maîtrisée. Nous ne serions alors que les marionnettistes d’une végétation que nous avons toujours cherché, à travers l’Histoire, à étudier, à dominer et à utiliser… mais jusqu’à quel point ? Il n’est plus question de l’émerveillement du botaniste découvrant une nouvelle variété, ni même de la nature agencée avec esthétisme et ornements dans les jardins à la française ! Ce parcours étonnant, déstabilisant ne soulève-t-il pas plutôt la question d’une végétation produite de manière sérielle, ne laissant plus place à aucune fantaisie ? Une nature toujours exploitée, modifiée et reproduite sans âme ? Ces mannequins seraient-ils donc une image de nous-mêmes déshumanisés qui ôte toute âme et originalité à la flore qui nous entoure ? Au contraire, serait-ce plutôt une leçon plus engagée, dans un tableau post-apocalyptique, où seules les plantes triomphent en dominant peu à peu une usine désaffectée ?

 

 

À découvrir au plus vite, Folie’Flore à Mulhouse vous sort un instant de votre quotidien angoissant pour vous emmener dans un autre monde, épris d’imagination et de beauté. En plus des jardins paysagers, cette édition comporte des panneaux où sont affichées de sublimes photographies de la nature, capturée par des locaux amateurs ou professionnels. Un régal visuel, dans le mobile comme l’immobile, qu’on ne se lasse pas de retrouver chaque année à Mulhouse !

 

 

Les + de l’expo :

  • Un spectacle interactif à partager sans modération en famille ! Tout le monde en ressort émerveillé ;
  • Cette édition présente encore plus les portraits des hommes et femmes ayant œuvré à ces décors ;
  • Un résultat qui force l’admiration quand on sait que les paysagistes n’ont qu’une semaine pour monter tous les décors prévus et que l’élaboration des paysages a été bousculée avec la crise sanitaire ;
  • Les paysages sous chapiteau permettent d’apprécier des expériences immersives même de jour ! Privilégiez toutefois une entrée en nocturne, le festival de lumière et couleurs est plus grandiose encore !

Les – de l’expo :

  • Une édition un peu plus courte que les années précédentes, un goût de trop peu quand on aimerait encore déambuler dans de si belles compositions ! ;
  • Les jardins de quelques communes détonnent quelque peu avec le reste et auraient mérité un peu plus d’élaboration et de budget, qu’on pardonne aisément en ces temps difficiles.
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A propos Laureen Gressé-Denois 6 Articles
Amoureuse de la littérature et passionnée par l'Histoire de l'Art, j'ai le coeur acquis par les châteaux et le regard empli par les œuvres et ameublements de la Renaissance, du Grand Siècle et du Premier Empire. Diplômée d'Histoire à la Sorbonne, d'Histoire de l'Art à l'École du Louvre, et de muséologie à Neuchâtel (Suisse), je suis actuellement en Master 2 à l'École du Louvre.

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